
Hassan Bousetta et Gauthier Pirotte, tous deux chercheurs et enseignants à la Faculté des Sciences Sociales de l'Université de Liège, ont été interrogés en tant qu'experts au sujet du violent séisme qui s'est produit le 8/9 au Maroc.
Hassan Bousetta, chercheur qualifié FNRS et enseignant à la Faculté des Sciences Sociales de l'Université de Liège, est intervenu dans l'émission Déclic de ce lundi 11 septembre 2023.
L'occasion pour lui et notre Faculté de témoigner toute notre solidarité et notre sympathie à nos étudiantes et étudiants, à nos collègues marocains et leurs proches, qui sont touché·e·s de près ou de loin par cette catastrophe naturelle.
Il a ensuite analysé, grâce à une lecture géopolitique, les raisons du déploiement progressif de l'aide internationale et les relations étrangères du Maroc :
Il a ensuite analysé, grâce à une lecture géopolitique, les raisons du déploiement progressif de l'aide internationale et les relations étrangères du Maroc :
"La question mérite d'être posée, de savoir pourquoi le Maroc n'a pas encore autorisé plus d'aide internationale. La première chose est que nous sommes à moins de 70h de l'événement (interview réalisée le lundi 12/9 NDLR). Nous sommes dans la première phase de la gestion de crise. Le deuxième élément est que le système de la prise de décision au Maroc comporte deux caractéristiques importantes. Nous sommes dans une monarchie exécutive : dès le lendemain matin du séisme, le roi et ses conseillers ont tenu un groupe de travail pour donner des instructions, relayées par capillarité jusqu'au niveau le plus bas. C'est un pays hyper centralisé, dans lequel on va d'abord faire sortir les forces armée royales. Elles sont montées dans les villages, car la topographie est très particulière [...], la région est marquée par une dualité entre les villes de la plaine et les régions montagneuses. Ce sont celles-ci qui sont touchées et beaucoup sont encore inaccessibles, à parfois plus de 2000m d'altitude [...]"
Sur la question de l'aide demandée à quatre pays seulement pour le moment :
"Les autorités craignent un engorgement des secours. Je pense que le Maroc va adoucir sa position dans les heures qui viennent.... Le pays a adopté, en termes de relations étrangères, une doctrine qui est la multipolarité ; il va chercher des alliances ailleurs que là où elles étaient par le passé [...]."
L'émission peut être réécoutée sur RTBF Auvio à partir de la 13ème minute
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Gauthier Pirotte, Professeur à la Faculté, a été interrogé dans Le Vif et ajoute une seconde explication :
« Les autorités marocaines regardent au-delà du séisme. Elles essayent, de façon cynique, de monnayer le dossier du Sahara occidental sur la scène internationale, décrypte Gautier Pirotte. Ces quatre pays n’ont évidemment pas été sélectionnés au hasard. Tous ont reconnus la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce territoire non autonome situé entre le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie. Ce qui n’est pas le cas de la France et de la Belgique, par exemple. De quoi expliquer le silence du roi Mohammed VI quant à leurs propositions d’aide humanitaire ? C’est une lecture possible, estime Gautier Pirotte. « L’Espagne s’est rapprochée de la position expansionniste marocaine, alors que la France est mal prise avec l’Algérie (dont les relations diplomatiques avec le Maroc sont tendues, NDLR) ».
Photo : Site RTBF - FADEL SENNA - AFP