Lucille Grétry, diplômée de l'ancienne licence en Sociologie (spécalisée en population et développement), Docteur en Sciences politiques et Sociales


 

(Newsletter du 27 mars 2017)

 

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Le choix des études supérieures… évident pour certains, rude pour d’autres… Je faisais partie du deuxième groupe ! Fin de rhétorique, les questions se bousculaient. Lors d’une des dernières séances du cours de latin, séance consacrée aux institutions romaines, mon professeur a dit, loin de se douter des répercussions de cette phrase sur mon parcours : « ici, nous faisons plus de la sociologie que du latin ». Ça y est, j’avais trouvé : j’allais m’inscrire en première candidature en sociologie à l’Université de Liège.

Dès les premiers cours, j’ai été charmée par le cursus et passionnée par les différentes matières enseignées : sociologie de la vie quotidienne et de la consommation, développement économique et social depuis la révolution industrielle, méthodologie des sciences sociales, etc. Autant de matières qui ont éveillé en moi l’esprit critique et la curiosité de comprendre les groupes, les institutions, les cultures. Bref, j’avais fait le premier bon choix !

Sensible aux cours qui abordaient les sociétés d’ailleurs, et transportée par les récits d’étudiants qui avaient réalisé leur mémoire dans un pays dit du Sud, c’est tout naturellement que je me suis dirigée vers l’orientation « sociologie des interventions dans les pays en développement et mouvements migratoires ». En 2ème licence, je mettais alors mon premier pied en Afrique, afin de récolter des données relatives à mon mémoire, dont le sujet était l’image de l’Homme blanc chez les enfants scolarisés en 6ème primaire à Lubumbashi.

Dès les premiers jours, des sentiments très contradictoires se bousculent. D’un côté, des injustices et des inégalités sociales qui dépassent l’entendement ; de l’autre, des bailleurs et des organisations dont la motivation à les résoudre contrastent avec leur inefficacité ; le tout, avec, en arrière-plan, une population ambigüe dans ses relations aux étrangers.

Mes études, et encore plus ce séjour, ont forgé mon ambition professionnelle. En rentrant de Lubumbashi, c’était décidé : je travaillerai en Afrique, avec la volonté de joindre l’action à la critique réflexive. Première étape après le diplôme en poche : la thèse de doctorat. Quatre années pour étudier les liens entre les mondes civil et militaire à partir des récits de vie d’ex enfants soldats en RDC. L’aspect « réflexion », c’était gagné. L’aspect « action » par contre ne me satisfaisait pas entièrement. Désireuse d’avoir les mains dans le cambouis, j’ai alors enchaîné plusieurs mois de volontariat, au Burkina Faso et en Egypte, quelques consultances, et enfin deux années en tant que chargée de capitalisation au Mali, dans le cadre du programme Junior de la CTB. L’aspect action, c’était bon. Par contre, l’intérêt pour l’analyse critique refaisait surface… Un poste de coopération universitaire semblait alors tailler sur mesure à mes envies et à mon parcours.

C’est ainsi que débute en ce début 2017 la nouvelle aventure : la responsabilité de la plateforme Afrique centrale du PACODEL (le centre pour le Partenariat et la Coopération au Développement de l’Université de Liège), basée à Kinshasa. Cette structure permanente a pour objectif l’amélioration de la qualité de la recherche et de l’enseignement, ainsi que la reconnaissance des structures universitaires en tant qu’institutions expertes dans la mise en œuvre de recherche et d’enseignement.

Actuellement, les activités de la plateforme se résument à l’encadrement de 5 thèses de doctorats dans 5 disciplines différentes, fédérées autour d’une thématique commune : les territoires périurbains. Désormais, de nouveaux projets de recherche et d’enseignement seront montés afin de renforcer les capacités des chercheurs congolais et d’encourager leur intégration à la communauté scientifique internationale, de partager les savoirs et les savoir-faire avec des acteurs non académiques, de favoriser les partenariats entre disciplines et institutions. Plus personnellement, je considèrerai ma mission réussie si la plateforme Afrique centrale devient, à terme, une passerelle entre le monde universitaire et le monde du développement, lien qui me semble, après plusieurs années passées dans l’un et l’autre « monde », essentiel pour atteindre l’objectif global qui anime bon nombre de « travailleurs du développement » : l’amélioration de la qualité de vie des populations locales.

 http://le15ejour.uliege.be/jcms/c_52043/fr/au-coeur-de-lafrique

 

sam 0898

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