Expatriés bloqués à l’étranger à cause du COVID-19 : ce que cette crise nous apprend des services consulaires offerts par les États membres de l’Union européenne



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Photo ©Anna Shvets for Pexels

Jean-Michel Lafleur, directeur adjoint du CEDEM ULiège (Centre d’études de l’ethnicité et des migrations / Institut de Recherche en Sciences Sociales) et Daniela Vintila (chercheuse postdoctorale au CEDEM) publient ce jour un rapport comparant l’aide consulaire offerte par les 27 États membres de l’UE (ainsi que la Suisse et le Royaume-Uni) à leurs citoyens en situation de détresse à l’étranger. Cette publication offre aussi une série de liens permettant d’identifier le consulat le plus proche et les mesures prises par les autorités consulaires face à la crise du COVID-19. Le rapport souligne l’existence de disparités et de convergences dans la réponse apportée par les États européens aux besoins de leurs nationaux résidant de façon temporaire ou permanente à l’étranger.

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nviron 30.000 Belges seraient actuellement en voyage à l’étranger et une partie d’entre eux éprouvent des difficultés à rentrer en Belgique. Bien que la Belgique ait procédé à des rapatriements lors de crises précédentes, le SPF Affaires étrangères précise que le rapatriement n’est pas un « droit du citoyen ». Tous les États européens ne répondent d’ailleurs pas de la même manière aux besoins de leurs citoyens en situation de détresse à l’étranger. En dépit des conventions internationales et des directives européennes sur les relations consulaires, les États gardent en effet, en grande partie, le pouvoir de fixer leurs propres règles en matière de rapatriement et d’aide économique en faveur de leurs citoyens à l’étranger.

Dans une publication mise en ligne ce jour sur la plateforme open access de l’Université de Liège, Jean-Michel Lafleur, directeur adjoint du CEDEM ULiège (Centre d’études de l’ethnicité et des migrations) et chercheur qualifié FNRS et Daniela Vintila (chercheuse postdoctorale au CEDEM) comparent les conditions d’accès au rapatriement et à l’aide économique des consulats dans les 27 États membres de l’UE ainsi qu’en Suisse et au Royaume-Uni. Ces données ont été collectées par des experts nationaux dans le cadre d’une recherche sur l’accès des émigrés à la protection sociale financée par le Conseil Européen de la Recherche (ERC). Jean-Michel Lafleur, qui dirige cette recherche, résume sa démarche comme suit : « le contexte actuel qui voit des milliers d’Européens mobiles confrontés à des difficultés pour rentrer dans leur pays d’origine nous a incité à mettre en ligne une version préliminaire de nos données dans l’espoir d’informer des citoyens bloqués à l’étranger sur les conditions d’accès à l’assistance consulaire ». Le document contient également une série de liens vers les mesures spécifiques prises par les autorités consulaires de chacun de ces pays face à la crise du COVID-19.

Convergences et disparités dans l’aide consulaire offerte les États membres de l’UE

Le document publié par l’équipe du CEDEM met en lumière certaines convergences dans la pratique des États, comme l’octroi d’une aide économique à condition que tout autre recours (assurance, famille…) soit indisponible et que le bénéficiaire s’engage à rembourser l’aide obtenue une fois rentré dans son pays. Cependant, certains États comptant de nombreux nationaux à l’étranger, comme la France, ont des politiques d’assistance consulaire bien plus développées permettant, par exemple, à leurs citoyens établis durablement à l’étranger de recevoir une aide récurrente de leur pays d’origine en cas de difficultés économiques prolongées. De même, d’autres États d’Europe centrale et orientale comme la Pologne ou la Slovénie ont des politiques de rapatriement spécifiques en faveur de minorités ethniques résidant dans des pays voisins. À l’inverse, un dernier élément de convergence peut être observé dans l’utilisation des nouvelles technologies comme moyen pour les États d’entrer en contact rapidement avec leurs citoyens à l’étranger par le biais d’un registre électronique (Belgique, France, Luxembourg) ou de services de localisation des cartes SIM (Slovaquie).

Plus d’infos

La publication (en anglais) est consultable en accès libre sur la plateforme ORBI de l’Université de Liège

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Contact

Jean-Michel LAFLEUR est Professeur de Recherches à l’ULiège et directeur adjoint au CEDEM (Centre d’études de l’ethnicité et des migrations). Il est également chercheur qualifié au FNRS.

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